Célibataire géographique

C'est une expression que j'ai entendu dans la bouche d'une jeune femme en bas de chez moi.
Aussitôt entendu, aussitôt adopté.

W. (mon homme) est parti hier matin pour une durée d'1 mois en Chine pour ses affaires, nous laissant, moi et petite crevette chinoise momentanément célibataires géographiques (comprenez "n'ayant personne sur qui se reposer")

- "Ce n'est pas la 1ère fois.." lui ai-je dis d'un ton désinvolte, comme pour dissiper ses craintes.
Moi-même, je me sentais plutôt sereine. La dernière fois qu'il était parti aussi longtemps, c'était quand bébé KaiJie n'avait que 6 mois : il ne pouvait pas encore se déplacer, et rester seule avec mon bébé revenait à rester.. vraiment seule, au final. Tandis que là, KaiJie est capable de se déplacer, il dit ses premiers mots et il y a beaucoup plus d'interactions entre nous. Je me suis donc dis c'est "finger in the nose" !

Seulement voilà, la veille avant son départ, douleurs au plexus avec difficultés respiratoire. Chose qui ne m'arrive presque jamais (Dieu merci) seulement lorsque survient un événement extrêmement stressant, une dispute violente ou que sais-je de bien désagréable. Cela survient comme une bombe à retardement : le lendemain soir ou 2 jours plus tard. Là, c'est survenu la veille du départ et je n'ai pas compris pourquoi. Peut-être que consciemment, je me sentais prête et qu'inconsciemment, j'avais la trouille ? Peut-être.

J'en ai morflé (ceux qui ont déjà vécu ça me comprendront très bien) rien ne peut soulager cette douleur. Ni bouillotte, ni boisson chaude, ni encens, ni relaxation.. j'ai vu aussi que certains sites webs proposent de la méditation (sachez une bonne chose messieurs les arnaqueurs : lorsqu'on a mal au plexus solaire, on ne peut se concentrer sur rien d'autre que la douleur)!

Bref, il est parti.
Je me suis branchée en pilote automatique, bien malgré moi. Mais chose surprenante, j'ai également pris soin de moi. Comme ces filles qui se font larguer et qui réalisent que la vie, ce n'est pas ça : "il faut se reprendre en main !"
Epilation, soins de la peau, parfum, bijoux, petites robes. La totale.
Je sais que je ne suis pas larguée, je sais qu'il va revenir. Je sais aussi que je ne suis pas réellement célib mais voilà.
Sans réfléchir, mes gestes et mes envies m'ont guidé.. comme un instinct de survie.

Et puis, je me suis mise aux fourneaux (mon homme en serait malade de jalousie s'il savait) !
Pas de la bouffe à 2 balles, mijoté en 5 minutes parceque "c'est pratique" ou qu'on a pas le temps, ni l'énergie.
Non, des plats qui prennent du temps, qui font plaisir à la vue, et aux papilles.

Je pense que j'essaye par tous les moyens de faire vivre la maison, même si l'on est que 2 à y vivre. Je suis rigoureuse sur le ménage (c'est comme la déprime : lorsque le désordre s'installe, c'est foutu). Le soir, je laisse allumé une petite lampe tamisé dans le coin repas. Un peu comme s'il pouvait rentrer d'une minute à l'autre.

Bref, je suis la gardienne du terrier (de la meute).
J'attends le retour du chef de famille tout en m'occupant des affaires qu'il a laissé du mieux possible.
C'est un peu ça l'amour, non ?